Claire Luxton

À la croisée du théâtre, de la performance, de la photographie et de la technologie, Claire Luxton explore l’art de l’autorépresentation. Elle commence sa formation en se concentrant sur la photographie, mais ressent rapidement une contrainte liée aux limites de la spécificité du médium. C’est à cette époque qu’elle commence à forger son propre langage visuel, réalisant que sa matière première de prédilection était son propre corps. Son corps devient ainsi l’outil le plus approprié pour explorer émotions, affects et préoccupations. Au centre de sa pratique se trouve sa vulnérabilité, utilisée comme un moyen de connexion avec le spectateur. En adoptant différents déguisements et en utilisant l’autoportrait comme un médium puissant, Luxton s’engage habilement dans des notions plurielles de l’identité féminine, s’imposant comme une artiste contemporaine qui, à l’instar de Cindy Sherman, navigue avec virtuosité entre diverses narrations et perspectives.

Son travail est souvent déclenché par une lecture qui l’inspire ; il plonge alors dans une variété d’histoires et d’univers.
La plupart de ses projets débutent par une phase de recherche approfondie où elle puise des références littéraires, artistiques, botaniques, animales et musicales, tout en explorant couleur, texture et objets.
Utilisant ses propres traits humains — yeux, nez, lèvres, mains — comme base pour ses compositions, elle construit des récits oniriques peuplés de papillons, de fleurs et de nuages.
Inspirée par les portraits de la Renaissance italienne et flamande, elle joue avec le symbolisme classique à travers tous les éléments de ses images.
Une clé d’interprétation de ses portraits réside dans ses titres soigneusement élaborés ainsi que dans les poèmes qui les accompagnent, comme Unravel (2023).

Luxton compose minutieusement ses récits pour l’appareil photo.
Ses images existent d’abord sous forme de décors sculptés, où elle-même, en tant que modèle, métamorphose son apparence à travers cosmétiques, accessoires et lumière.
Toutes les ornementations se complètent avec harmonie.
L’élément immersif de ses œuvres est renforcé par les technologies numériques en postproduction, laissant le spectateur hésiter entre peinture et photographie.
Luxton affirme d’ailleurs qu’elle « crée des toiles grâce à la photographie ».
Plus récemment, dans le but de partager son univers fantastique avec un public plus large, elle projette ses œuvres dans l’espace public, transformant des bâtiments en véritables toiles monumentales.
En parallèle, elle explore la dynamique complexe entre l’humain et la technologie, comme dans The Wishing Well (2020), où une clé USB est intégrée dans la clavicule du personnage.
Cette œuvre établit un lien fort avec notre dépendance profonde à la technologie, proposant une réflexion poignante sur la manière dont celle-ci s’est intégrée dans le tissu même de nos vies.

Inspirée par les chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, Luxton interroge la place de l’humain dans la nature ainsi que la spécificité de l’expérience féminine dans la société, notamment les préjugés opposant beauté et intelligence ou encore santé mentale.
Ses thématiques principales gravitent autour de la beauté et de la vie, de la décadence et de la mort, de la mélancolie et du romantisme.